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9 juillet 2006 7 09 /07 /juillet /2006 13:16

En réponse au potlach de pinxit
des gardiens m'envoient quelques témoignages
de leur expérience à la Force de l'Art...

 


 

Pinxit lm 1997-2003, offert aux gardiens de 'La Force de l'Art'  le 25 juin 2006



Extrait du témoignage, d'E.,

un temps gardien(ne) à la Force de L'art...

Le travail consistant à surveiller un musée se nomme communément « gardien de musée ». On est gardien de musée comme on est gardien d’immeuble ou de prison : par hasard. Et comme à la prison, au Grand Palais l’uniforme était de rigueur ; seulement, le gilet Buren ressemble plus à la tenue du prisonnier, tenue dont les rayures seraient passées d’horizontales à verticales, d’un triste noir et blanc au jaune et rose à l’esthétique fortement contestable (et testée), qu’à l’habit du geôlier. Oui, ces quelques semaines m’ont laissé un arrière goût de cloisonnement formel, tant au niveau du contenu de l’exposition que de mes attributions. [...]Non seulement le commissaire général de l’exposition nous a imposé le port des gilets contre la volonté de l’artiste, prêt à ne pas exposer si les principaux concernés, nous, ne souhaitaient pas porter son œuvre, mais ils n’étaient aussi ni à notre taille, ni à notre goût, et édités en nombre insuffisant. Sous une verrière à 40° l’exclusivité d’un gilet aurait pu s’avérer souhaitable. Fondus (et) enchaînés d’un pavillon au suivant, liants dynamiques burennisés, nous étions probablement la preuve que l’art contemporain ne pue pas que le fric. [...] « Agents d’accueil et de surveillance», nous avons vite compris quelle fonction importait le plus à la direction. Le titre factice de « médiateur » inscrit sur nos badges nous a pourtant souvent arraché à notre désoeuvrement et à la réflexion finalement toujours trop introspective qui invite à la démence. Nous avons donc tous été amenés à « médire » légalement de l’exposition, alternative à l’oisiveté contrainte et surveillée (ainsi qu’un maximum de discussions entre collègues, lectures et croquis illégaux, traqués, et condamnés). L’élan des premiers jours s’étant vite fracassé contre le mur de l’idiotie et l’incohérence de directives et de propos de la direction et parfois même des visiteurs, me sentant de plus en plus invisible aux yeux des visiteurs malgré le costume criard, habitée de rêves bicolores au sein d’une institution muséale de grand standing, je suis agréablement soulagée depuis la fin de ce travail.  

 

André et Mickey, photographie Guillaume Combier

(Gardien à la Force de l'Art et photographe)



Extrait du témoignage, d'Alan Eche

Un temps gardien à la Force de L'art...

De fait, sur nos fiches de paie, nous sommes des agents d'accueil et de surveillance, ce qui je crois, du moins pour ma part, nous fut habilement dissimulé, dans le but probablement de nous motiver et de nous aliéner dans la défense de cette vitrine du ministère de la culture.
- Ici le port du gilet Buren prend une couleur toute différente: sans parler de l'esthétique même qui nous fit être surnommés, par la sécurité notamment, les « Vanille-fraises », nous étions dans l'oeil du public, ou des porte-manteaux, des cimaises mobiles, ou au mieux de simples gardiens.
 -Je ne reléverai pas des extraits de propos de conférenciers, mais à part quelques artistes reconnus qui faisaient l'objet de discours un peu plus étoffés, certains se promenaient dans des salles, choisies par eux, en lisant les cartels, et parfois ne parlant pas même des artistes mais du propos scénographique du commissaire d'exposition. Nous, nous n'étions plus seulement des gardiens, certes, mais pas non plus des conférenciers, aussi bien étions-nous interrogés sans le respect attaché à notre compétence. Statut bâtard, éprouvant au jour le jour.
 -Mais le plus éloquent concerne peut-être la répartition réelle du personnel des médiateurs selon leurs compétences et la politique affichée. En effet le projet nous concernant tenait en ceci: nous étions principalement un public d'artistes RMIstes, auquel était adjoint un certain nombre de jeunes des quartiers, et l'idée centrale était de confronter ces derniers au monde de la culture et de l'art par une immersion dans celui-ci et une formation. Résultat, les jeunes ont été  globalement affectés à la gestion du flux extérieur et peu ont eu l'occasion de s'occuper d'un pavillon, bien que quelques-uns aient réussi à se faire une petite place au long des semaines, à l'intérieur de l'exposition."
1- Buren n'a effectivement pas imposé le port de son gilet. La pression est venue de M. Marcadet, m'ont dit des collègues, et non de M. Vergne. Cela resterait à vérifier. Nous avons pu parfois le tomber en raison des grosses chaleurs.
2-Nous avons été recrutés par une association affiliée  à des structures sociales de réinsertion, l'AVEJ, sous-structure de l'APSV, fonctionnant un peu comme une boîte d'intérim, eux-mêmes ayant été mandatés par le ministère, je crois.
3-Conditions et contraintes contractuelles:
classiques, 1 semaine d'essai, le smic, plus les 25% des jours fériés, dimanches et les nocturnes, 1 heure de déjeuner, 1/4 d'heure de pause, interdiction de lire, d'écrire, de parler, hormis dans le cadre du travail -accueil,explications,protection,etc...- s'habiller en noir pour cause de port de gilet -ce qui fut peu suivi sur la fin, faute de garde-robe personnelle, ou de désir de soumission pour certains-.
4-Aucune mise en garde politique, hormis le fait de revendiquer auprés du public notre statut de médiateur.
Il y eut notamment une polémique plutôt houleuse, qui concernait un article de presse: nous étions présentés comme des jeunes des quartiers difficiles principalement, si bien que des gens nous disaient:"c'est bien ce qu'on fait pour vous, de vous mettre en contact avec l'art qu'on ne trouve pas dans les banlieues". Les médiateurs ont été recrutés parce qu'ils possédaient ce genre de compétences: artistes -plasticiens, réalisateurs, chanteurs, poètes, auteurs, comédiens, musiciens-  diplômés en communication, étudiants aux beaux-arts, aux arts déco, en médiation culturelle, etc...plus des jeunes des quartiers motivés.
4-Il y avait un fascicule un peu détaillé qu'un médiateur a pu se procurer, que j'ai vu le 4ème ou 5ème jour. Ce fut le seul. En revanche on nous a fourni le catalogue "digest", incomplet et redondant, puisqu'il reprenait mot pour mot les grands panneaux de présentation à l'entrée des pavillons, et ne présentant, une fois de plus, que le point de vue sur l'art et la justification du choix thématique...des commissaires...
5-Du coup, nous étions libres de l'interprétation, et nous nous en sommes donné à coeur joie: on tenta de faire croire que de Villepin et Emile-Louis se sont mutuellement faits leur portrait, que le thermo-hygromètre de marque Stax (ou quelque chose comme ça) sur la cimaise était un ready-made de Lavier appelé "Stax sur Ripolin".
6- Buren ne nous a pas parlé, à ma connaissance, et aucune présentation de la génèse du gilet ne nous a été faite. Il n'y a pas eu de caution. J'ai volé deux boutons de gilet décousus que j'ai tenté de troquer avec un dessin d'artiste lors de l'action d'échange organisée au pavillon temporaire par des artistes engagés dans le tissu social et politique.
Je m'appelle Alan Eche,
J'ai 28 ans, je suis musicien, avec une licence de philo.
Voilà, si vous voulez aussi mettre les photos, le photographe se nomme Guillaume Combier, un collègue ex-médiateur-surveillant,
et il est enchanté de participer.

Extrait du témoignage, d'S.A.

Un temps gardien(ne) à la Force de L'art...

j'avais oublié cette adresse que j'avais donné a mes collégues je decouvre seulement aujourd'hui le blog. dire que j'ai demissioné au bout de deux heurs de travail a cause de  se gilet de merde pour moi l'histoire commence ainsi mais mon combat contre ce faux  gilet a continuer jusqu'a a la fin car mes employeurs ont eu la gentillesse de me donner un autre poste  dispensé de cette horreur. je tiens a dire que apres avoir rencontré par le plus grand des  hasard Mmarcadet dans un restaurant sans connaitre ni sa position ni  son identité j'avais fais par de mon refus categorique de porter ce truc. m marcadet a assisté a une main levé du personnel pour qui le gilet  posait probleme, une seule a levé a la main, j'etais décue de mes  collégues, apres il y a eu tellement d'episodes comme la fabrication  des faux gilets car buren pas gonflé les avait "vendu" a deux expo en  même temps, durant l'expo il y a eu deux camps de publuic, celui qui  trouvait que ca fgaisait larbin de chaine hotelierie et ceux qui  trouvent que buren c bien. je n'ai pas vu citer par mes collegue qu'il etaient donc des oeuvres  vivantes avec ca et que meme si tu destestes buren c pareille, bon ben j'ai quand meme fait des bonnes renconres et bien rigolé a la  force de l'art et malgré l'histoire des gilets j'ai trouvé que  marcadet etait super chouette. S. A

 


Voir l'action réalisée le jour du vernissage :  [lire la suite]

Voir le potlach réalisée le dernier jour de l'exposition : [lire la suite]

Lire les témoignages des vanilles-fraises (les gardiens) : [lire la suite]

Télécharger 'potlach à la force de l'art' :  [ici (2 mo env.)

 

voir le Potlach réalisé au musée Gustave Moreau

auprès des gardiens, en compagnie d'Elisabeth Lebovici : 1 2 3 4

 

 

 

 

 

 

 

 

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LAURENT MARISSAL PINXIT

récit des actions picturales

non visibles, non cachées.

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