| C'est en compagnie de la critique d'art Elisabeth Lebovici que j'offre Pinxit'painterman' tamponné/collé dans le dos... Painterman malgré moi... C'est le premier acte manqué de la journée... à tous les gardiens du musée Gustave Moreau. Sur ma sacoche j'ai collé une étiquette 'Painterman'. Je m'aperçois à la fin de l'opération que l'autocollant a disparu. En passant devant un miroir, bien plus tard, je retrouve l'autocollant... Je me suis promené toute la journée étiqueté... |
Les cloches de la trinité carillonne alors que j'arrive au musée Gustave Moreau. Elisabeth Lebovici est déjà là. Nous entrons. J'avais, peu avant à travers son blog, proposé à la critique d'art de m'accompagner distribuer 'Pinxit' aux gardiens. Je lui demande en outre de filmer l'opération. Elisabeth s'execute de bon coeur, conversant avec bonheur avec les gardiens. Ces derniers témoignent de leurs conditions de travail...Il y a encore de l'aliénation. La secrétaire générale, nommé après mon départ, est de la même école que la conservatrice précédente...le roi est mort vive le roi...Il faudrait retoucher le tableau (j'y songe). Je montre ensuite à la critique les quelques actions encore visibles (empreintes de doigts, chaises déplacées). De complice objective j'espère l'avoir convertie en complice subjective... Nous buvons un café dans un bar appelé 'La Joconde'. Elle me prophétise quelques soucis avec l'administration, et me conseil de diffuser vite l'ouvrage... | |
| Le vendredi 4 août, en compagnie d'Elisabeth Lebovici, je distribue à tous les gardiens du musée Gustave Moreau, mon livre, Pinxit lm 1997-2003. Acte manqué. La vidéo du potlach est vide. J'ai mal préparé la caméra. Rien n'a été enregistré. Si ce n'est ces quelques secondes. Outre les gardiens, Elisabeth Lebovici est dépositaire de l'action. Quelle forme prendra son témoignage ? Tenant la caméra elle était complice objective et passive ; par cette échappée elle devient actrice de l'inévitable évanouissement de toute action. Les photos, les vidéos, les témoignages ne manifestent rien d'autre que cette fuite insaisissable. (à la radio au moment où j'écris ces lignes, marc lavoine y va de sa ritournelle "sonne l'heure, les jours s'en vont, je demeure, sous le pont mirabeau coule la seine...") . Aucun regret donc pour la disparitions de ces traces, qui ne sont surement que l'expression de la pure pure réalité picturale (comme dirait Mondrian), ou plus exactement la fusion de la réalité et du symbole.
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La critique d'art les interroge sur leurs conditions de travail, ce n'est que quelques bribes que nous retranscrirons ici. Quelques uns des gardiens nous ont demandés de conserver leur anonymat, aussi nous attribuerons l'ensemble des propos à un seul gardien.. |
E.L. : Vous vous plaisez ici ? | un gardien : Oui, on a pas trop le choix |
E.L. : Et qui vous a formé au peintre ? | un gardien : Au début c'est l'adjoint technique, pis c'est beaucoup nous seul, en lisant les livres de la librairie pendant la pause, en écoutant les conférencier, pis surtout entre nous, les anciens. |
E.L. : Mais la conservatrice, elle vient souvent vous voir ? | un gardien : Bah, elle a beaucoup de travail, si on veut lui parler on peut, mais bon on a pas trop le temps, on a peu de temps pour déjeuner, on pourrait utiliser la pause, y'a pas de réunion, des fois on fait de mots quand on veut signaler des problèmes |
E.L. : Et avec le public ? | un gardien : c'est un peu difficile, les japonais il nous parle pas trop, ils ont le nez plongé dans leur guide, ils passent vite, les autres touristes, souvent ils nous voient même pas |
E.L. : Vous avez le droit de lire ? parler ? | un gardien : Oui, enfin pas trop, faut qu'on reste attentif, avec la nouvelle secrétaire générale, on a un peu perdu, elle de la vieille école, elle aime pas trop nous voir faire autre chose que.. |
E.L. : bah merci bonne continua.. | un gardien : ...s'il vous plaît garder mes propos pour vous, la direction n'aimerait pas trop nous voir parler, ça fait de la mauvaise publicité pour le musée... |
Tonneaux des danaïdes, on en finit jamais.
Rocher de sysiphe, Pinxit est dramatiquement d'actualité.
Lire l'article d'Elisabeth Lebovici,
Pinxit Laurent Marrissal 1997-2003.
Un projet pictural qui vise à modifier les conditions, le temps et l'espace de travail.
sur son site : Le beau vice